C’est pas d’ma faute

Mimi Legault [email protected] Publié le 14 octobre 2015

©Depositphotos.com

Il y a quelque chose de complètement illogique qui s’est produit tout au long de mes années d’enseignement. Et même d’aberrant.

À chaque fois qu’une bataille se produisait entre deux élèves, eh bien je tombais toujours sur l’innocent. Toute une moyenne! Jamais tombée sur le coupable. Suite à une querelle ou à un engueulement mutuel, l’un et l’autre pointaient l’index : c’est pas moi, c’est lui!

Tout ça pour dire qu’admettre ses torts fait mal à l’orgueil. C’est vu comme un signe de faiblesse. Comme si la septième cervicale allait décrocher ou qu’un furoncle allait nous pousser sur le bout du nez. Ça touche autant l’adulte que l’enfant. Permettez quelques exemples?

- C’est vrai que tu as lancé une balle de neige dans l’œil de Fred?

- C’est pas d’ma faute, je visais le pompon de sa tuque.

 

Ah bon! Tout s’explique. C’est tellement important d’avoir la version de l’autre avant de sévir…Une autre fois, deux frères jumeaux impliqués dans une bataille avec un troisième « ami ».

-  Moi, dit l’un, j’y suis pour rien. Je faisais juste le tenir pendant que mon frère lui tapait dessus.

 

Ah bien, fallait le dire champion! C’est tellement beau la solidarité familiale. D’autres exemples. L’autre jour au resto, j’ai surpris cette conversation.

-  Savais-tu que j’avais eu un accident le mois dernier? Non? Ben, mon vieux, un poteau m’a frappé de plein fouet!

Bon, maintenant, c’est la faute au poteau qui, bien sûr, n’a pu se présenter en cour, la douleur le coupait en deux.

Il y a au moins une chose de bonne à vivre seul : on ne peut attribuer les fautes à l’autre… Même que l’assurance-automobile a compris le principe. Plus personne n’est responsable, le « no fault » est là.

Un autre exemple vient d’un père de famille à qui j’avais téléphoné pour lui dire que fiston avait joué avec le feu en allumant dans la cour de l’école pas un, mais plusieurs foyers d’incendie. Le père avait répondu que c’est parce que son gars aimait faire ses propres expériences, que c’était de notre faute, on ne l’avait pas surveillé. Euh…c’est pas tellement ça, mon coque l’œil, avais-je pensé. Junior avait été plusieurs fois averti. Ce serait mieux qu’il expérimente ses trucs chez toi. C’est juste qu’on te sonne une alarme et que tu préfères ne pas l’entendre. Parce que sourd en plus. Pompier, bon œil!

Pour terminer, je vous présente Fernand, 53 ans. Devant le juge.

- Comment avez-vous fait pour écraser une pauvre vieille dame de 85 ans qui, tout bonnement, traversait la rue?

- C’est pas d’ma faute, monsieur le juge. La lumière était « varte »!

 

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Mimi Legault [email protected] Publié le 14 octobre 2015

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Il y a quelque chose de complètement illogique qui s’est produit tout au long de mes années d’enseignement. Et même d’aberrant.

À chaque fois qu’une bataille se produisait entre deux élèves, eh bien je tombais toujours sur l’innocent. Toute une moyenne! Jamais tombée sur le coupable. Suite à une querelle ou à un engueulement mutuel, l’un et l’autre pointaient l’index : c’est pas moi, c’est lui!

Tout ça pour dire qu’admettre ses torts fait mal à l’orgueil. C’est vu comme un signe de faiblesse. Comme si la septième cervicale allait décrocher ou qu’un furoncle allait nous pousser sur le bout du nez. Ça touche autant l’adulte que l’enfant. Permettez quelques exemples?

- C’est vrai que tu as lancé une balle de neige dans l’œil de Fred?

- C’est pas d’ma faute, je visais le pompon de sa tuque.

 

Ah bon! Tout s’explique. C’est tellement important d’avoir la version de l’autre avant de sévir…Une autre fois, deux frères jumeaux impliqués dans une bataille avec un troisième « ami ».

-  Moi, dit l’un, j’y suis pour rien. Je faisais juste le tenir pendant que mon frère lui tapait dessus.

 

Ah bien, fallait le dire champion! C’est tellement beau la solidarité familiale. D’autres exemples. L’autre jour au resto, j’ai surpris cette conversation.

-  Savais-tu que j’avais eu un accident le mois dernier? Non? Ben, mon vieux, un poteau m’a frappé de plein fouet!

Bon, maintenant, c’est la faute au poteau qui, bien sûr, n’a pu se présenter en cour, la douleur le coupait en deux.

Il y a au moins une chose de bonne à vivre seul : on ne peut attribuer les fautes à l’autre… Même que l’assurance-automobile a compris le principe. Plus personne n’est responsable, le « no fault » est là.

Un autre exemple vient d’un père de famille à qui j’avais téléphoné pour lui dire que fiston avait joué avec le feu en allumant dans la cour de l’école pas un, mais plusieurs foyers d’incendie. Le père avait répondu que c’est parce que son gars aimait faire ses propres expériences, que c’était de notre faute, on ne l’avait pas surveillé. Euh…c’est pas tellement ça, mon coque l’œil, avais-je pensé. Junior avait été plusieurs fois averti. Ce serait mieux qu’il expérimente ses trucs chez toi. C’est juste qu’on te sonne une alarme et que tu préfères ne pas l’entendre. Parce que sourd en plus. Pompier, bon œil!

Pour terminer, je vous présente Fernand, 53 ans. Devant le juge.

- Comment avez-vous fait pour écraser une pauvre vieille dame de 85 ans qui, tout bonnement, traversait la rue?

- C’est pas d’ma faute, monsieur le juge. La lumière était « varte »!

 

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