Le lapin rose

Mimi Legault [email protected] Publié le 26 mai 2015

Lapin rose

©Depositphotos.com / dvargg

La semaine passée, nous avons eu droit à deux petites journées d’été. Ça y est, la saison des nombrils à l’air venait de débuter.

Les chandails collants retroussent et les pantalons descendent tant et si bien qu’il m’arrive d’apercevoir chez une jeune fille, une soie dentaire entre ses deux fesses qui tient lieu de petite culotte. Nos ados suivent la mode les yeux fermés et la main sur le portefeuille de papa-maman. J’ai toujours pensé que les décideurs de la mode considéraient les femmes comme un troupeau que l’on conduit directement à la caisse enregistreuse. Dieu merci, il reste des femmes qui s’accommodent bien des nouvelles tendances et qui sont ravissantes.

Par contre, j’ai le poil hérissé lorsque je vois des jeunes femmes grassettes qui se promènent le nombril à l’air dont le ventre déborde comme rivière au printemps. J’vais dire comme mon oncle Arthur : vous pissez le swift. Un gros ventre mou, c’est laid. Vos proches sont-ils trop gênés pour vous le faire savoir? Faites un simple test. Assoyez-vous torse nu sur une chaise droite. Si vous êtes incapable d’apercevoir votre nombril, vous êtes grosse, capiche? Oui, mais c’est la mode me répondra-t-on. Bêêê oui, mon p’tit mouton, ben oui.

Une autre chose me trouble, c’est de voir le monde faire comme tout l’monde. L’être humain est percé : aux oreilles, dans le nez, au nombril, aux sourcils, sur la langue, sur les lèvres. Je n’irai pas plus bas…C’est la mode, follow the guide! Même chose pour le tatouage. D’ici quelques années, lors d’un mariage, les époux s’échangeront l’anneau par n’importe quelle partie du corps, oui, je le veux, man. Regardez nos ados, tous habillés de la même façon, mais ce sont les mêmes qui refusent de porter l’uniforme. Un jour, à l’école, j’avais écrit cette phrase suivante en guise d’un travail en écriture : il était une fois un petit lapin rose qui vivait parmi plein de lapins gris. Il fallait que mes étudiants continuent le récit. Croyez-le ou non, sur 28 élèves, 27 avaient écrit des choses comme : pauvre de lui, il faisait pitié, il devait avoir honte ou se sentir rejeté. Seul, Samuel avait écrit que le lapin rose était chanceux de ne pas être comme les autres. Ça m’avait fait réfléchir. Vous savez quoi? Sam était le genre d’élève qui se démarquait, qui ne pensait jamais comme tout l’monde, qui avait ses propres opinions et qui, surtout, se foutait complètement de ce que ses compagnons pouvaient penser de lui. C’est bien pour dire, je me « perce » peut-être d’illusions, mais je rêve d’avoir plus de Samuel dans notre société.

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Le lapin rose

Mimi Legault [email protected] Publié le 26 mai 2015

Lapin rose

©Depositphotos.com / dvargg


La semaine passée, nous avons eu droit à deux petites journées d’été. Ça y est, la saison des nombrils à l’air venait de débuter.

Les chandails collants retroussent et les pantalons descendent tant et si bien qu’il m’arrive d’apercevoir chez une jeune fille, une soie dentaire entre ses deux fesses qui tient lieu de petite culotte. Nos ados suivent la mode les yeux fermés et la main sur le portefeuille de papa-maman. J’ai toujours pensé que les décideurs de la mode considéraient les femmes comme un troupeau que l’on conduit directement à la caisse enregistreuse. Dieu merci, il reste des femmes qui s’accommodent bien des nouvelles tendances et qui sont ravissantes.

Par contre, j’ai le poil hérissé lorsque je vois des jeunes femmes grassettes qui se promènent le nombril à l’air dont le ventre déborde comme rivière au printemps. J’vais dire comme mon oncle Arthur : vous pissez le swift. Un gros ventre mou, c’est laid. Vos proches sont-ils trop gênés pour vous le faire savoir? Faites un simple test. Assoyez-vous torse nu sur une chaise droite. Si vous êtes incapable d’apercevoir votre nombril, vous êtes grosse, capiche? Oui, mais c’est la mode me répondra-t-on. Bêêê oui, mon p’tit mouton, ben oui.

Une autre chose me trouble, c’est de voir le monde faire comme tout l’monde. L’être humain est percé : aux oreilles, dans le nez, au nombril, aux sourcils, sur la langue, sur les lèvres. Je n’irai pas plus bas…C’est la mode, follow the guide! Même chose pour le tatouage. D’ici quelques années, lors d’un mariage, les époux s’échangeront l’anneau par n’importe quelle partie du corps, oui, je le veux, man. Regardez nos ados, tous habillés de la même façon, mais ce sont les mêmes qui refusent de porter l’uniforme. Un jour, à l’école, j’avais écrit cette phrase suivante en guise d’un travail en écriture : il était une fois un petit lapin rose qui vivait parmi plein de lapins gris. Il fallait que mes étudiants continuent le récit. Croyez-le ou non, sur 28 élèves, 27 avaient écrit des choses comme : pauvre de lui, il faisait pitié, il devait avoir honte ou se sentir rejeté. Seul, Samuel avait écrit que le lapin rose était chanceux de ne pas être comme les autres. Ça m’avait fait réfléchir. Vous savez quoi? Sam était le genre d’élève qui se démarquait, qui ne pensait jamais comme tout l’monde, qui avait ses propres opinions et qui, surtout, se foutait complètement de ce que ses compagnons pouvaient penser de lui. C’est bien pour dire, je me « perce » peut-être d’illusions, mais je rêve d’avoir plus de Samuel dans notre société.

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