Rose Lamothe

Mimi Legault [email protected] Publié le 29 juillet 2015

©depositphotos.com

Elle se nomme Rose Lamothe. Aucun lien de parenté avec feu Willie. À bien y penser, il y en un. Elle aussi parcourt les prairies et les vertes collines.

Avec le nom qu’elle porte, on dirait que Rose fait les trottoirs et met parfois quelques hommes à la rue. Pas du tout. Très forte sur les « verres », elle a la tête qui tourne souvent. Plus d’une fois, on l’a frappée avec des bâtons, lancée dans la rivière. Fidèle comme Castro, elle reprend toujours sa place, bien perchée. Se rend rarement là où on souhaiterait qu’elle aille. Tête dure. Rondelette, ça oui. Je vous présente ma balle de golf.

Elle et moi avons une relation très privilégiée mais il reste qu’elle fait toujours à sa tête : prend le bord du bois quand ça lui chante, dort dans l’herbe haute pendant que je la cherche désespérément, s’étend au soleil près de l’étang avec les grenouilles. Non mais dites-moi, qui des deux a le meilleur caractère? Il m’arrive de me fâcher contre elle. Toujours, elle se venge. À chaque fois. Elle est tellement subtile en plus. Par exemple, au départ, elle s’esquive à la toute dernière minute. Fait semblant de se sentir mal, alors elle roule dans l’herbe verte en bas de son « tee-royaume » juste pour me laisser assez mal paraître devant mes trois autres partenaires silencieux. Sa vengeance est tellement bien minutée qu’on jurerait que c’est moi qui frappe dans le vide! Ingénieuse la Rose, n’est-ce pas? Sauf qu’il n’y a que moi qui voit son manège.

Lorsque je me concentre sur elle, elle rosit de plaisir. Avec mille précautions, je prends mon élan tout en la fixant. Bang! Je la frappe et la regarde partir au loin. Ben quoi? Où est-elle? Soudain, je l’entends : coucou, je suis là, à tes pieds….Voyez? Elle s’est encore tassée au dernier moment. J’vous dis….J’ai même voulu l’échanger contre une balle blanche. Aucun mâle n’en a voulu.

Vous me direz que j’ai d’autres balles. Bien sûr. Mais on s’attache à ces petites choses là. Je n’arrive pas à m’en débarrasser. Et puis, les golfeurs avec leurs balles blanches, je veux dire les vrais, les mordus, les extravagants, les fanatiques du golf me pompent l’air. Alors, j’ai fini par me sentir mal à l’aise avec ma Rose Lamothe. Je me suis donc trouvée devant un choix. M’en séparer ou non. Je n’allais quand même pas faire un référendum pour savoir s’il y aurait séparation ou pas. Vous en connaissez des gens qui font ça? Alors j’ai choisi. J’ai dit oui à la séparation. « Je me souviens » comme si c’était hier. J’étais sur le vert. Rose m’a jeté un dernier coup d’œil. Au fond, elle savait. Elle était pourtant si près du trou. Je l’ai poussée si doucement qu’elle n’a probablement rien senti. Elle s’est arrêtée à deux centimètres de la coupe. Deux coups de trop. Folle de rage, je l’ai saisie et l’ai lancée de toutes mes forces vers le bois. Blessée, elle a frappé un arbre. C’était, je crois, un bouleau. Elle a frôlé l’eau d’un petit ruisseau pour venir frapper le râteau qui traînait autour de la trappe de sable. Croyez-le ou non, elle a fini par rebondir sur le « green ». Tristement, elle a roulé dans son trou pour y rester. J’ai respecté son choix et suis partie, le cœur gros vers le 19e trou.

En manchette

PQ: le prochain chef connu le 7 octobre

DRUMMONDVILLE. Les membres du Parti québécois choisiront leur prochain chef au début du mois d'octobre prochain, a annoncé le chef intérimaire Sylvain Gaudreault, dimanche.

Rose Lamothe

Mimi Legault [email protected] Publié le 29 juillet 2015

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Elle se nomme Rose Lamothe. Aucun lien de parenté avec feu Willie. À bien y penser, il y en un. Elle aussi parcourt les prairies et les vertes collines.

Avec le nom qu’elle porte, on dirait que Rose fait les trottoirs et met parfois quelques hommes à la rue. Pas du tout. Très forte sur les « verres », elle a la tête qui tourne souvent. Plus d’une fois, on l’a frappée avec des bâtons, lancée dans la rivière. Fidèle comme Castro, elle reprend toujours sa place, bien perchée. Se rend rarement là où on souhaiterait qu’elle aille. Tête dure. Rondelette, ça oui. Je vous présente ma balle de golf.

Elle et moi avons une relation très privilégiée mais il reste qu’elle fait toujours à sa tête : prend le bord du bois quand ça lui chante, dort dans l’herbe haute pendant que je la cherche désespérément, s’étend au soleil près de l’étang avec les grenouilles. Non mais dites-moi, qui des deux a le meilleur caractère? Il m’arrive de me fâcher contre elle. Toujours, elle se venge. À chaque fois. Elle est tellement subtile en plus. Par exemple, au départ, elle s’esquive à la toute dernière minute. Fait semblant de se sentir mal, alors elle roule dans l’herbe verte en bas de son « tee-royaume » juste pour me laisser assez mal paraître devant mes trois autres partenaires silencieux. Sa vengeance est tellement bien minutée qu’on jurerait que c’est moi qui frappe dans le vide! Ingénieuse la Rose, n’est-ce pas? Sauf qu’il n’y a que moi qui voit son manège.

Lorsque je me concentre sur elle, elle rosit de plaisir. Avec mille précautions, je prends mon élan tout en la fixant. Bang! Je la frappe et la regarde partir au loin. Ben quoi? Où est-elle? Soudain, je l’entends : coucou, je suis là, à tes pieds….Voyez? Elle s’est encore tassée au dernier moment. J’vous dis….J’ai même voulu l’échanger contre une balle blanche. Aucun mâle n’en a voulu.

Vous me direz que j’ai d’autres balles. Bien sûr. Mais on s’attache à ces petites choses là. Je n’arrive pas à m’en débarrasser. Et puis, les golfeurs avec leurs balles blanches, je veux dire les vrais, les mordus, les extravagants, les fanatiques du golf me pompent l’air. Alors, j’ai fini par me sentir mal à l’aise avec ma Rose Lamothe. Je me suis donc trouvée devant un choix. M’en séparer ou non. Je n’allais quand même pas faire un référendum pour savoir s’il y aurait séparation ou pas. Vous en connaissez des gens qui font ça? Alors j’ai choisi. J’ai dit oui à la séparation. « Je me souviens » comme si c’était hier. J’étais sur le vert. Rose m’a jeté un dernier coup d’œil. Au fond, elle savait. Elle était pourtant si près du trou. Je l’ai poussée si doucement qu’elle n’a probablement rien senti. Elle s’est arrêtée à deux centimètres de la coupe. Deux coups de trop. Folle de rage, je l’ai saisie et l’ai lancée de toutes mes forces vers le bois. Blessée, elle a frappé un arbre. C’était, je crois, un bouleau. Elle a frôlé l’eau d’un petit ruisseau pour venir frapper le râteau qui traînait autour de la trappe de sable. Croyez-le ou non, elle a fini par rebondir sur le « green ». Tristement, elle a roulé dans son trou pour y rester. J’ai respecté son choix et suis partie, le cœur gros vers le 19e trou.