Party d'été

Mimi Legault [email protected] Publié le 18 août 2015

Un cocktail à l'extérieur.

©depositphotos.com

Ça faisait deux fois que je me rendais à ce genre de party, la première et la dernière.

Ce n’est pas que la place manquait de beauté. Maison luxueuse, piscine et fontaines. Des fleurs, en voulez-vous, en v’là. Toute la « péteuterie du Nord » s’y trouvait. On avait prévu l’imprévu. En cas de pluie, un immense chapiteau trônait au milieu du jardin. Comme on annonçait de la pluie, il a fait beau. Tout cela était magnifique. Je me suis ennuyée à mourir entourée d’invités qui, tout au long de cette charmante soirée ont parlé de tout et de rien. De rien, surtout. Mais je manque à tous mes devoirs, je vous en présente quelques-uns.

Le « téteux », Toujours collé sur le buffet, il craignait, ma foi, de mourir de faim. Il était le seul capable de monter dans une seule assiette cinq sortes de salades, plein de sandwichs, deux petits pains chauds, quelques pâtés, un tas de viandes froides avec un bras tendu pour attraper un verre d’alcool. Il a terminé la soirée la tête dans le bol à punch.

La « parfumée ». Une femme sans âge. Vaporeuse et évaporée. Elle dégageait derrière elle une traînée d’odeur sucrée qui repoussait même les maringoins. Un jeune gigolo, sûrement loué comme le costume qu’il portait, l’accompagnait. Les mauvaises langues disaient (peut-être avec envie) qu’elle s’était fait remonter le visage deux fois. Mais à entendre son rire faux, son moral était demeuré bien bas.

Je me suis ennuyée à mourir entourée d’invités qui, tout au long de cette charmante soirée ont parlé de tout et de rien.

Mimi Legault

La « p’tite kétaine » et la « grosse bedaine ». Comme ils allaient bien ensemble, habitués à ce genre mondain. Elle faisait du bruit avec ses « jewels » en sterling, avec ses souliers à talons trop hauts et son petit rire également trop haut. Lui, belle cravate en guise de laisse.  Il distribuait ses tapes dans le dos comme un député en temps d’élection.

« L’hôte ». Qui gardait la tête bien haute. Était faux mur à mur. Faux sourire, fausse perruque. Faisant semblant d’être heureux. Faux fuyant, fauché. Faut que je parle à mon banquier. Un vrai faux. Appelait son épouse, ma chérie par ci, ma chérie par là.

La « barbie ». Elle portait les seins plus hauts que ses amygdales. Elle était celle que tous les hommes désirent dans leur lit pour une seule nuit. À la fois détestée et enviée par les femmes présentes. Étroite partout, longue comme une chaise longue. Vernie de la tête aux pieds, même quand il pleut, elle n’écaille pas.

Le « fort en gueule ». Lui, ce qui l’intéressait, c’était d’avoir son auditoire bien à lui. Il levait le ton, vociférait, postillonnait dans la face des autres qui, trop mous, n’osaient s’essuyer. Dans ce genre de party, on n’aime pas les bavures…

La « décolletée ». Bourrée de collagène et de silicone qui jetait un coup d’œil discret (alors que tout l’monde l’observait) du côté de son mari lui-même bourré de sangria et de viagra qui dansait avec la barbie. Mettons qu’il était un peu trop « tendu » au goût de son épouse.

C’est à la fin de la soirée que je me suis mise à les trouver intéressants. Alcoolisés à 40%, désarticulés, mines confites et idées confuses. Qui se foutaient maintenant du protocole, la bouche pâteuse et le geste incertain, prêts à tomber dans les confidences et les hilarités. C’est vers cette heure précise où l’alcool non encore dissipé les a fait paraître parfois drôles, si malhabiles et si…vrais.

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En manchette

Party d'été

Mimi Legault [email protected] Publié le 18 août 2015

Un cocktail à l'extérieur.

©depositphotos.com


Ça faisait deux fois que je me rendais à ce genre de party, la première et la dernière.

Ce n’est pas que la place manquait de beauté. Maison luxueuse, piscine et fontaines. Des fleurs, en voulez-vous, en v’là. Toute la « péteuterie du Nord » s’y trouvait. On avait prévu l’imprévu. En cas de pluie, un immense chapiteau trônait au milieu du jardin. Comme on annonçait de la pluie, il a fait beau. Tout cela était magnifique. Je me suis ennuyée à mourir entourée d’invités qui, tout au long de cette charmante soirée ont parlé de tout et de rien. De rien, surtout. Mais je manque à tous mes devoirs, je vous en présente quelques-uns.

Le « téteux », Toujours collé sur le buffet, il craignait, ma foi, de mourir de faim. Il était le seul capable de monter dans une seule assiette cinq sortes de salades, plein de sandwichs, deux petits pains chauds, quelques pâtés, un tas de viandes froides avec un bras tendu pour attraper un verre d’alcool. Il a terminé la soirée la tête dans le bol à punch.

La « parfumée ». Une femme sans âge. Vaporeuse et évaporée. Elle dégageait derrière elle une traînée d’odeur sucrée qui repoussait même les maringoins. Un jeune gigolo, sûrement loué comme le costume qu’il portait, l’accompagnait. Les mauvaises langues disaient (peut-être avec envie) qu’elle s’était fait remonter le visage deux fois. Mais à entendre son rire faux, son moral était demeuré bien bas.

Je me suis ennuyée à mourir entourée d’invités qui, tout au long de cette charmante soirée ont parlé de tout et de rien.

Mimi Legault

La « p’tite kétaine » et la « grosse bedaine ». Comme ils allaient bien ensemble, habitués à ce genre mondain. Elle faisait du bruit avec ses « jewels » en sterling, avec ses souliers à talons trop hauts et son petit rire également trop haut. Lui, belle cravate en guise de laisse.  Il distribuait ses tapes dans le dos comme un député en temps d’élection.

« L’hôte ». Qui gardait la tête bien haute. Était faux mur à mur. Faux sourire, fausse perruque. Faisant semblant d’être heureux. Faux fuyant, fauché. Faut que je parle à mon banquier. Un vrai faux. Appelait son épouse, ma chérie par ci, ma chérie par là.

La « barbie ». Elle portait les seins plus hauts que ses amygdales. Elle était celle que tous les hommes désirent dans leur lit pour une seule nuit. À la fois détestée et enviée par les femmes présentes. Étroite partout, longue comme une chaise longue. Vernie de la tête aux pieds, même quand il pleut, elle n’écaille pas.

Le « fort en gueule ». Lui, ce qui l’intéressait, c’était d’avoir son auditoire bien à lui. Il levait le ton, vociférait, postillonnait dans la face des autres qui, trop mous, n’osaient s’essuyer. Dans ce genre de party, on n’aime pas les bavures…

La « décolletée ». Bourrée de collagène et de silicone qui jetait un coup d’œil discret (alors que tout l’monde l’observait) du côté de son mari lui-même bourré de sangria et de viagra qui dansait avec la barbie. Mettons qu’il était un peu trop « tendu » au goût de son épouse.

C’est à la fin de la soirée que je me suis mise à les trouver intéressants. Alcoolisés à 40%, désarticulés, mines confites et idées confuses. Qui se foutaient maintenant du protocole, la bouche pâteuse et le geste incertain, prêts à tomber dans les confidences et les hilarités. C’est vers cette heure précise où l’alcool non encore dissipé les a fait paraître parfois drôles, si malhabiles et si…vrais.

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