Les faces à claques

Mimi Legault [email protected]
Publié le 10 mars 2016

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©depositphotos.com / Ilya Andriyanov

Saviez-vous que 32% des femmes et des hommes, dans un certain pays de l'Europe, par le biais d'un sondage, ont avoué avoir battu leur enfant régulièrement?

Le saviez-vous? Sans doute, puisque je viens juste de vous le dire... 32%, ça fait un tiers.  Donc, un parent sur trois ose lever la main sur son plus petit que lui. Le monde animal n'agit même pas comme l'Humain. Chez les  animaux, on verra deux mâles se battre pour obtenir les faveurs de la femelle. Par contre, la femelle ne bat pas ses petits! Elle les défend!

Je serais bien curieuse de lire les conclusions d'un sondage québécois sur les parents qui “claquent” leurs enfants.  Attention, on va s'entendre. Il y a les grosses claques et les petites tapes. Les claques, c'est comme les pizzas. Petites, moyennes, toute garnies.  Ce sont les claques “all dressed” qui frappent le plus. Les plus fatigantes, ce sont les tapes données derrière la tête. Reste la fessée qui fait mal. Partout. Car un coup au corps, c'est automatiquement un bleu à l'âme. Et v'lan!

L'autre jour, je me trouvais dans un centre d'achats. En passant, je vous donne un “scoop”. Si vous désirez assister à l'enregistrement des “donneurs de claques”, c'est LA place: les centres d'achats! Donc, une femme, un homme et une fillette d'environ quatre ans qui se promenaient devant les boutiques. L'enfant marchait en écoutant sa mère qui parlait. Rien de bien-bien illégal... Sauf, qu'elle ne regardait pas où elle allait. À un moment donné, la petite fille a trébuché contre une dame âgée qui, imaginez-vous donc, marchait, elle aussi. La  pauvre vieille a fait quelques pirouettes dignes du “patin artistique” aux Olympiques. Même que je lui aurais donné un “9”!  Mais bon, elle est tombée. Au lieu de venir en aide à cette dame, la mère a frappé sa fillette. “Peux pas r'garder où tu marches, qu'elle a crié, la “face à claques”. Tiens, toi: une bonne tape, bien placée, juste derrière les oreilles. Un petit coup sec. Celui qui fait avancer. L'enfant a fait au moins deux pas de plus vers l'avant. Dans son coeur, elle a reculé de dix. Pas grave, personne ne l'a remarqué. Et on a tous continué à maganiser. À courir les ventes à un tiers de rabais. Un tiers, ça vous dit quelque chose?...

Je ne parle pas des enfants battus dont le cas relève de la DPJ. Je parle de ces petits que l'on claque pour un oui ou pour un non. Des “petites morniffes” qui ne laissent à peu près pas de traces. Pas assez violentes pour être dénoncées mais juste trop pour écoeurer l'enfant. Pour égratigner son âme. Ou pour faire monter la pression artérielle de sa mémoire.

Éduquer un enfant, c'est aussi essayer de garder les deux mains dans ses poches. Un enfant, ce n'est pas un sac d'entraînement pour la boxe! Si vous croyez que j'exagère, demandez à des profs au milieu primaire. Moi, je deviens “pitt-bull” devant un parent qui lève la main sur son petit. Le pire, c'est que si je montre trop les “crocs”, c'est encore l'enfant qui paiera. “Quoooi? Tu as dit à ton prof que je te battais? Comment ça, il l'a deviné tout seul? Je ne te bats pas. Je te donne des taloches, compris?” Compris. L'enfant a bien compris la leçon. Mieux vaut se taire. Sinon, ce sera pire. Il comprend  vite qu'on a plus de joie à donner qu'à recevoir. Exemple, les tapes. Il comprend qu'on peut lui en faire manger. C'est juste que ça donne des “caries” à l'âme et des cicatrices pour la vie.