Martin McGuire : bilan du premier week-end des Canadiens de Montréal

La chronique hockey de Martin McGuire

Publié le 18 octobre 2016

La Presse Canadienne/Fred Chartrand

©Fred Chartrand

Loin de moi l’intention d’entrer dans les garde-robes de nos lectrices! Je me permets cette figure de style pour tracer un premier bilan du week-end numéro un de la saison régulière du Canadien.

Le Canadien a besoin d’un peu de polissage. Pendant que la grande vedette, Carey Price, guérit son virus, il y a du pain sur la planche. Martin McGuire

Attention, je ne suis pas un spécialiste de la mode féminine, mais je crois qu’un jupon qui dépasse ne veut pas nécessairement dire que la robe est mal choisie. Bon, revenons à ce que je connais…

Lors du premier week-end de la saison, le Canadien, mathématiquement, s’est sorti du premier voyage en ramenant trois points sur quatre à la maison. Il s’agit d’un excellent week-end sur la route.

Analysons, si vous le voulez bien, les éléments qui nous permettent de conclure qu’après deux matchs, rien n’est parfait.

D’abord, un des symptômes flagrants des problèmes vécus par le CH à Buffalo et Ottawa, repose sur le fait que Marc Bergevin a effectué plusieurs changements à des positions clés de son équipe. Des joueurs qui auront un rôle important au cours de la saison dans toutes les phases de jeu ont été ajoutés à l’équipe.

Les camps d’entraînement, c’est bien beau, mais il y a trop de monde. Cela empêche les entraîneurs de travailler sur la chimie.

La défensive

Commençons par la ligne bleue : l’ajout de Shea Weber représente un actif de premier niveau pour le Canadien. À des moments critiques des deux premières parties, nous avons pu constater la grande efficacité du numéro 6 du Canadien. À cinq contre trois, entre autres, face aux Sens, on a admiré la sobriété, mais aussi l’efficacité dans son jeu. Le bâton est toujours bien placé, son corps placé adéquatement dans l’espace situé entre son gardien de but, la rondelle et l’adversaire. Weber est un spécialiste.

Comme tous les bons joueurs, il doit se familiariser avec son nouveau partenaire, Nathan Beaulieu. Sa présence à la Coupe du monde n’a pas permis aux entraîneurs de travailler sur la chimie du duo, de sorte qu’à certaines occasions, le premier duo de défenseurs du CH s’est cherché.

C’est un fait, Andrei Markov vieillit, comme nous tous. Lui aussi, malgré ses longues années de services avec le CH, doit travailler avec un nouveau partenaire : Jeff Petry. Aussi talentueux qu’il soit, Petry a perdu une bonne semaine d’entraînement avec Markov en raison d’une blessure banale.

Toujours à la ligne bleue, le match à Buffalo nous a malheureusement permis de voir que le jeune Mikhail Sergachev avait certaines limites dans son jeu, et ce, malgré son grand talent indéniable.

Finalement, Alexei Emelin et Greg Pateryn, parachutés ensemble contre Ottawa, ont connu quelques difficultés.

Sur le papier et le tableau de l’entraîneur-chef accroché au mur de son bureau, les éléments semblent être là, mais la cohésion n’y est pas encore.  

Le bon vieux Markov a terminé le premier week-end de la saison avec un différentiel (+ et -) négatif.

Les quelques erreurs du CH ont permis aux adversaires du CH de diriger plus de 60 tirs sur le filet du gardien auxiliaire, Al Montoya. Parce que oui, Price est encore absent! Rassurez-vous, c’est un vilain virus qui a envoyé le gardien vedette du CH sur les genoux. Tout ça pourrait quand même nous permettre de croire qu’en l’absence de son gardien numéro 1, les petits défauts semblent apparaître.

La performance de Montoya a été pratiquement sans bavure lors des deux premiers matchs. Le cerbère américain démontre que Marc Bergevin a eu raison de se tourner vers lui et lui offrir un contrat. Montoya a démontré sa fiabilité, il a l’étoffe nécessaire pour être un très bon releveur à Carey Price.

 

L’attaque

À l’attaque, l’équipe a aussi démontré de bonnes choses et quelques petites faiblesses.

Face aux Sabres, le CH a accordé plus de chances de compter et plus de lancers à ses adversaires qu’il en a lui-même généré. La différence? Les deux points sont allés dans la poche.

Deux jours plus tard, à Ottawa, même scénario : le CH commence le match un peu sur les talons, quelques erreurs à la ligne bleue et oups, les Sénateurs sont en avant par deux buts. Il n’en fallait pas plus à Michel Therrien pour qu’il brasse ses cartes.

Eh oui, déjà, à la quatrième période de hockey de l’année, le coach passait le balai sur la terrasse! Le seul trio qui a survécu au premier match, samedi dernier, était celui de David Desharnais, Travis Shaw et Daniel Carr. Galchenuyk a dû laisser sa place au centre du premier trio à Tomas Plekanec, et Gallagher, qui n’avait rien fait pour mériter ça avec ses deux buts, a dû laisser sa chaise à Alexander Radulov.

Même le jeune Artturi Lehkonen, en l’espace d’un entracte, est passé du deuxième trio au quatrième. Il a bien répondu, marquant le premier but de sa carrière dans la LNH, avec Torrey Mitchell et Phillip Danault. C’est encourageant pour l’entraîneur qu’un jeune homme venant d’Europe puisse être un joueur efficace peu importe ses compagnons de trio. C’est tout à l’honneur de Lehkonen et à ceux qui ont recommandé sa sélection en 2013. Mais attendons, même s’il démontre des choses positives, la saison est encore jeune.

Le principal problème vécu par le CH au cours du week-end se situe autour de ses joueurs de centre. D’abord, Alex Galchenuyk a eu deux matchs difficiles, tant sur le plan de l’ardeur au travail que dans le cercle de mises en jeu. Ce qui a fait dire à Michel Therrien, après la défaite contre les Sénateurs : l’inefficacité de Galchenuyk au cercle de mises en jeu a fait en sorte que le premier trio du CH a passé la soirée à courir après la rondelle.

Plekanec, à l’instar du bon vieux Markov, nous montre qu’il n’a peut-être plus la vitesse de ses 25 ans. Il est encore très efficace lorsque le pointage est serré et aide ses défenseurs dans son propre territoire, mais ses compagnons de trio ont souffert de sa rapidité en baisse.

L’équilibre des quatre trios d’attaque du Canadien, comme c’est le cas pour plusieurs équipes, repose sur quelques individus. Galchenuyk est le joueur pivot de l’attaque du CH. S’il ne connaît pas de bons matchs, c’est plus difficile pour ses ailiers. S’il ne connaît pas de bonnes rencontres, c’est aussi plus difficile pour Plekanec, Desharnais et Mitchell, les trois autres centres de l’équipe.

Le Canadien a besoin d’un peu de polissage. Pendant que la grande vedette, Carey Price, guérit son virus, il y a du pain sur la planche. Michel Therrien a la réputation de ne pas être patient; quand ça ne marche pas, il « rebrasse » son jeu rapidement.

C’est connu, une vérité dans le monde du hockey, les joueurs n’aiment pas beaucoup quand ça change, que ce soit changer de marque de bâton, de patins ou de couleur de bas, quand tout va bien. Les athlètes professionnels sont des gens de routine, ce n’est pas exceptionnel au CH, c’est ainsi dans toutes les disciplines sportives. Pour ne pas bouleverser les habitudes des joueurs, l’entraîneur doit obtenir des résultats, c’est clair.

Mais l’entraîneur doit aussi faire preuve, parfois, de patience. Même s’il a passé le coup de balai dans ses trios samedi soir, après une première période aseptisée contre les Sénateurs, le coach a redonné le bénéfice du doute à ses joueurs et a replacé ses trios comme ils étaient lors du match d’ouverture face à Buffalo. Par ce geste, Therrien démontre son support envers ses joueurs clés. Il montre aussi à Galchenuyk qu’il a confiance en lui.

Restera aux joueurs à fournir une réponse.

Souvenirs d’Ottawa…

C’est toujours avec grand bonheur, gens de l’Outaouais, que j’ai l’occasion de bavarder de hockey avec quelques-uns d’entre vous lors de nos visites au Centre Canadian Tire.

Je sens qu’avec la présence de deux héros locaux, Derek Brassard et Jean-Gabriel Pageau, une petite fibre « sénatoriale » pourrait naître du côté québécois de la rivière des Outaouais. C’est du moins ce que j’ai senti chez quelques-uns d’entre vous rencontrés dans les ascenseurs et le stationnement de l’aréna des Sens.

La présence de quelques entraîneurs québécois, dont le stratège en chef Guy Boucher, ses adjoints Alain Raymond et Pierre Groulx, augmente la représentativité québécoise au sein de l’équipe. Ça parle français dans le vestiaire!

Souhaitons aussi que ça puisse parler français dans les coursives de l’aréna entre les périodes. Le succès des Sens passe par la grande séduction du public francophone, longtemps oublié. Le nouveau grand patron des Sens, Pierre Dorion, est sensible à ce fait.

Même si sa responsabilité est de trouver les meilleurs joueurs disponibles, Dorion permet aux Sens de faire une double récolte lorsque, par surcroît, les joueurs qui améliorent son équipe sont aussi des francophones.

Ceci dit, dans les mêmes coursives et le même stationnement, flottait après le match de samedi une odeur de mécontentement. Voulant améliorer l’expérience, les Sens ont construit une section spéciale dans les gradins, derrière les deux filets, qui ressemble à une section VIP que l’on voit maintenant dans plusieurs grandes salles de cinéma. Voulant optimiser l’expérience et améliorer le confort, les Sens se sont mis à la page.

Il y a cependant un effet négatif à tout ça. La présence des Maple Leafs et des Canadiens lors deux premiers matchs locaux a laissé quelques sièges libres. Inhabituel… La raison, entendue dans les coursives, ascenseurs et stationnement : les billets sont trop chers!

C’est vrai, la LNH, c’est dispendieux. Mais les Sénateurs ne doivent pas céder au jeu dangereux que représente la tentation d’augmenter le prix des billets dans des sections VIP ou dans les fameux matchs premium que sont les duels avec Toronto et Montréal, et d’éloigner une clientèle qui, même en cassant son cochon, considère trop dispendieux un billet pour assister à ces matchs. Je n’ai pas fait de sondage scientifique, mais les bruits entendus lèvent un petit drapeau.

En attendant de financer le projet de l’aréna au centre-ville, il faudra bien prendre soin des clients qui fréquentent l’aréna actuel. Il serait dangereux de jouer le jeu de : « Vous allez voir, ce sera mieux dans notre nouveau building! »

Claude Brochu l’a appris à ses dépens lors des dernières années tristes des Expos. 

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