Les maisons d’hébergement pour femmes à bout de ressources

Andréanne Chevalier [email protected]
Publié le 19 octobre 2016

Les maisons hébergent des femmes victimes de violence conjugale, mais le portrait devient de plus en plus complexe, affirme Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.

©Chantal Lévesque/Metro

Les maisons d’hébergement qui viennent en aide aux femmes victimes de violence ne fournissent plus à la demande.

La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) a dénoncé mercredi, au terme d’un forum qui a réuni à Montréal près de 200 intervenantes et directrices de maisons d’hébergement pour femmes, le manque d’argent et de places qui leur permettrait de répondre aux besoins, à la grandeur du Québec.

Chaque année, la trentaine d’établissements membres de la FMHF, situés partout dans la province, accueille près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants. Ces maisons sont toutefois contraintes de refuser 6000 demandes d’hébergement par année, faute de moyens.

«À Chibougameau, à Alma, à Gaspé, les besoins des femmes sont partout», a exposé la directrice générale de la FMHF, Manon Monastesse. Les maisons d’hébergement offrent, en plus des services d’hébergement, des services externes et du soutien après un séjour.

Les types de violence dans lesquels les femmes se trouvent se complexifient et dépassent les cas de violence conjugale ou familiale, a souligné la présidente de la FMHF et directrice de la maison l’Inter-Val, à Montréal, Sylvie Bourque. Cette dernière a évoqué les cas de violence basée sur l’honneur, la traite ou de violence faite aux aînées, de même que l’augmentation du nombre de femmes qui s’adressent aux maisons d’hébergement et qui subissent des troubles de santé mentale.

La FMHF indique que son financement n’a pas été ajusté en fonction des besoins qui s’accroissent. Ce financement insuffisant, combiné à la complexification des cas, a comme conséquences l’essoufflement des intervenantes dans les maisons, dont les tâches sont alourdies, et l’augmentation des durées de séjour des femmes hébergées, avance Mme Bourque.

Avec ce qui se passe à l’Université Laval, par exemple, on se rend compte que la violence faite aux femmes est un phénomène qui perdure Sylvie Bourque, présidente de la FMHF et directrice de la maison l’Inter-Val

La fermeture de certains services gouvernementaux, comme des centres locaux d’emploi, augmente les coûts de fonctionnement des maisons d’hébergement.

«On avait un centre de services à Sorel et maintenant, il faut aller à Saint-Hyacinthe», a déploré la directrice de la maison La source, à Sorel, Lucie Hénault. De telles visites sont nécessaires pour aider les femmes en difficulté dans leur cheminement pour réorganiser leurs vies.

«On accompagne les femmes dans différentes démarches légales ou médicales; on les aide à obtenir une carte d’assurance maladie si le conjoint l’a retenu, on intervient auprès des enfants», a précisé Mme Hénault. Les besoins de traduction, pour aider les femmes allophones, sont aussi coûteux et difficilement accessibles, alors que le nombre de femmes immigrantes qui ont recours aux services des maisons d’hébergement bondit, même en régions, poursuit Mme Hénault.

La ministre Lucie Charlebois, en charge du dossier, a fait savoir à TC Média, par l’entremise de son attachée de presse, qu’elle était très sensible aux préoccupations de la FMHF et que l’enveloppe du Programme de soutien aux organismes communautaires a été augmentée de 6,3M$ lors du budget 2016-2017. Toutefois, le montant précis attribué par ce programme aux maisons d’hébergement pour femmes n’a pas pu être spécifié par l’attachée de la ministre.